jeudi 27 juillet 2017

Go fast (2008)


L'été, il est de coutume d'être moins exigeant : le spectateur peut se laisser aller à voir un film qu'il aurait dédaigné en temps normal. On peut mettre quelques neurones en vacances et choisir de passer du bon temps, sans trop réfléchir. L'autre soir, j'ai laissé ma zappette m'offrir "Go fast", tentative française de thriller . J'étais passé à côté de ce film lors de sa sortie. Alors, pourquoi pas, d'autant plus qu'il entrait dans le cadre de ce blog (à savoir un insuccès, public pour le coup). Mauvais timing aidant, j'ai loupé le générique et n'avais donc pas intégré la présence du logo "Eurocorp" à la production. Si je l'avais vu, j'aurais peut-être pu m'attendre à un traitement plus proche de "36 quai des orfèvres" que de "Taxi".

Marek est policier et lutte avec ses collègues contre le trafic de stupéfiants. Lors d'une opération qui tourne mal, ceux qui travaillent avec lui sont tués sous ses yeux. Peu après, encore marqué par ce drame, Marek est muté dans une nouvelle unité de la police judiciaire : il va devoir infiltrer un réseau de trafiquants, dont la spécialité est le go-fast. A l'aide d'automobiles souvent volées et chargées de dizaines de kilos de cannabis, les bandits remontent à toute vitesse l'autoroute de l'Espagne jusqu'à Paris.
Pour Marek, la mission s'annonce difficile...

En général, lorsqu'une production Eurocorp s'annonce, il est question de flingues et de grosses cylindrées, de préférence des Audi (Luc Besson doit avoir un faible avec cette marque, ça n'est pas possible autrement). Par contre, dans ces films cherchant à tout prix à attirer un maximum de public dans les salles (le public en question étant généralement composé de jeunes mâles que la présence de grosses voitures et de flingues émeut fortement), la vraisemblance est aux abonnés absents. En cela, le début (et l'affiche, du moins dans son tiers inférieur) de "Go Fast" peut étonner : c'est la carte du réalisme qui est brandie, dirait-on, du moins dans les premières séquences. Enfin, cet argument du réalisme ne tient que si l'on est client de cette vision qu'en offre souvent le petit écran, plus particulièrement lorsqu'il est en quête de sensationnalisme et en devient très critiquable.

On peut donc grimacer devant les passages louchant fortement vers le documentaire sur l'entraînement du RAID, tendance M6 du dimanche soir, s'agacer que le réalisateur se sente obligé de jouer des textes incrustés pour aider les spectateurs, et même sourire lors de scènes où les trafiquants expliquent comment ils produisent leur cannabis, dignes de certaines publicités pour du café (j'avoue, j'ai pensé "Il est bon, ton cannabis, El Gringo").

Enfin, quitte à enfoncer le clou : le scénario prend souvent les spectateurs pour des idiots, insistant lourdement pour qu'ils comprennent ce qui se passe. Là où d'autres metteurs en scène auraient fait preuve de finesse, en laissant le public réfléchir un petit peu, Olivier Van Hoofstadt se retrouve réduit à expliquer ce qui se passe. L'exemple le plus flagrant est celui où le héros se retrouve face aux deux meurtriers de ses collègues et fixe l'arme qu'arbore l'un d'entre eux. Non content de faire dire au criminel que c'est l'arme d'un policier qu'il a tué (ce qu'on aurait pu comprendre de façon plus fine), le film nous assène un flash-back où l'on revoit la scène, histoire de bien comprendre d'où vient l'arme (dont ce sera la seule utilité dans le scénario, soit dit en passant). 

L'interprétation, pas toujours heureuse, laisse penser que les acteurs ont été peu dirigés et qu'ils font
leur numéro dans leur coin, quitte à livrer des prestations caricaturales : Roshdy Zem fait souvent la gueule, Olivier Gourmet n'a qu'un rôle très anecdotique et la caméra s'attarde souvent (comme par hasard) sur le joli décolleté de Catalina Denis (sans doute pour faire plaisir au public mâle dont je parlais plus haut). Et je vous épargne le personnage inutile d'un agent américain joué par Grégory Gadebois (acteur que j'apprécie pourtant), avec un accent plutôt rigolo. 

Se targuant d'un ton réaliste, "Go Fast" laisse cependant songeur : on aimerait savoir que les forces de l'ordre disposent de tels moyens, mais il est permis d'en douter. Le seul budget "automobile" du film aurait sans doute permis à pas mal de cinéastes de mettre en scène des œuvres moins oubliables et, surtout, qui apportent quelque chose au spectateur. Malgré un début prometteur, vite torpillé par le traitement asséné au sujet, "Go Fast" devient vite un énième film avec des voitures et de la violence, genre dont l'intérêt m'échappe. 

Il est amusant de constater qu'Olivier Van Hoofstadt met en avant les mêmes personnages sur lesquels il tirait à boulets rouges dans "Dikkenek". En deux films, le réalisateur réussit à lier thèse et antithèse : il y a de quoi être admiratif...ou pas.

Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2017, dans la catégorie "Un film policier/thriller".


samedi 22 juillet 2017

Erreur de la banque en votre faveur (2008)



Si, lorsqu'il s'agit de scénariser un film, le travail en équipe est fréquent, les réalisateurs œuvrant de pair ne sont pas si nombreux. Il en existe pourtant qui ne conçoivent la mise en scène que si elle est partagé. On songe évidemment aux frères Coen ou Dardenne. A un autre bout du spectre cinématographique, Gérard Bitton et Michel Munz ne sont sans doute connu que dans l'hexagone, pour avoir scénarisé la saga "La vérité si je mens !" et avoir coréalisé "Ah ! Si j'étais riche", leur plus grand succès. Traitant également des effets pervers de l'argent, "Erreur de la banque en votre faveur" n'a guère marqué les mémoires. Cette comédie vaut-elle d'être repêchée ?

Après des années passées à servir les riches dirigeants de la banque Bertin-Schwartz, en tant que majordome, Julien Foucault est remercié, comme on dit.
Qu'à cela ne tienne, il va pouvoir réaliser son rêve : ouvrir un restaurant, avec son meilleur ami Etienne, qui gâche son talent dans une pizzeria. Seulement, malgré ses années de service, la banque lui refuse le prêt qui permettrait de réaliser ce rêve. Julien décide alors d'utiliser ce qu'il a entendu, en servant ses employeurs, afin de s'enrichir en bourse.

Avec "Erreur de la banque en votre faveur" (le titre est mensonger, soit dit en passant, puisqu'il n'y a nulle erreur de banque dans ce film), nous revoilà en territoire connu : celui de la comédie française. Le ressort principal est connu, puisqu'il alimenta maints longs métrages : la différence de statut entre les deux partis qui s'affrontent (on n'ira pas jusqu'à parler de lutte des classes). Portant haut les valeurs de solidarité populaire contre le cynisme des élites, Bitton et Munz revendiquent visiblement le parti de la France d'en bas, mais avec les moyens de celle d'en-haut. On a vu plus cohérent.

On pourra grincer des dents sur l'interprétation, pas toujours heureuse, de Gérard Lanvin, qui ne semble pas toujours convaincu, et se consoler avec celle de son complice Jean-Pierre Darroussin (ils s'étaient déjà donné la réplique dans "Mes meilleurs copains"). Fidèle aux deux réalisateurs, puisqu'il était au casting de leurs précédents films, Darroussin est sans doute le plus convaincant de toute la distribution (même si j'avoue depuis toujours un faible pour ce grand acteur français). Au second plan, on appréciera (ou pas, c'est selon) les prestations de Jennifer Decker, Laurent Gamelon, Barbara Schulz, Martin Lamotte et Philippe Magnan.

Tous les interprètes font le job, comme on dit, mais force est de reconnaître les faiblesses du scénario, à la fois prévisible et plutôt paresseux, qui se contente de dérouler son histoire et remplit les trous dans la raquette sans souci de cimenter un peu plus un édifice pas très solide. 

Mais ce qui me heurte le plus reste finalement la morale qui transpire de ce film, pas si éloignée de celle de "Ah si j'étais riche" du même duo de réalisateurs : l'argent est la solution à tous les problèmes, ou presque, et le reste n'est qu'en second plan. Ou alors, je n'ai rien compris et suis passé à côté d'une fable cynique.

Si vous souhaitez vous faire votre propre opinion, libre à vous de vérifier si "Erreur de la banque en votre faveur" mérite le détour. J'ai bien peur que ce ne soit pas le cas.




lundi 17 juillet 2017

Deuxième chance à Brooklyn (2014)


Certaines personnes, lorsqu'elles disparaissent, laissent un trou béant, qui jamais ne se referme. Il en va de même pour certains artistes qu'on appréciait. Je l'avoue sans honte : Robin Williams était de ceux-là, à mes yeux. Pourtant, nombre de ses derniers films étaient passés totalement inaperçus. La séance de rattrapage s'impose donc. "Deuxième chance à Brooklyn" (version française de "The angriest man in Brooklyn", ne cherchons plus à comprendre les traductions de titres de films), réalisé par Phil Alden Robinson, l'un des derniers films du grand Robin Williams, n'a séduit que peu de spectateurs.

Il est loin, le temps du bonheur, pour Henry. Cet avocat New-Yorkais vit dans une colère perpétuelle, alimentée par une tristesse profonde, et en veut à la terre entière. A la suite d'un examen médical, réalisée par une jeune remplaçante, Henry apprend qu'il est porteur d'un anévrisme et n'a plus beaucoup de temps à vivre.
Comment va-t-il remplir les 90 minutes qui lui restent ? Entre son couple, qui bat de l'aile depuis la mort d'un de ses enfants, et ses relations désastreuses avec le fils qui lui reste, Henry a fort à faire et bien peu de temps.

A la lecture du pitch, on se doute bien du traitement dont "Deuxième chance à Brooklyn" va être l'objet. Il s'agira probablement de l'occasion pour un homme qui s'est perdu de prendre conscience de l'importance de la vie, des autres, de l'amour. Bref, on peut s'attendre à une énième fable plus ou moins moralisatrice sur le sens de l'existence alors que celle-ci est sur le point de s'éteindre. Pourquoi pas ? Si l'ouvrage est de bonne facture, on peut se laisser faire et écouter cette nouvelle version d'une fable déjà maintes fois entendue. Il suffirait de peu de choses pour que l'on évite le mélodrame larmoyant et qu'on atteigne un état de grâce que certains films ont su toucher.

Ne nous leurrons pas : ces promesses, "Deuxième chance à Brooklyn" ne les tient pas vraiment. Parce qu'il hésite sur le ton à tenir et qu'il oscille entre comédie, drame et mélodrame sirupeux, le film est souvent boiteux, voire bancal, sans doute parce qu'il fut réalisé en hâte et sans grand soin. Heureusement, il y a les acteurs, qui font l'essentiel du travail et sauvent ce qui peut l'être. En tête, évidemment, se trouve l'immense et irremplaçable Robin Williams, suffit à lui seul à justifier le visionnage de ce film. A ses côtés, Mila Kunis, étonnamment convaincante, réussit à s'imposer face à l'acteur principal et à instiller une véritable épaisseur à son personnage.


Remake d'un film israélien, "Mar Baum" de Assi Dayan (qui participe au scénario du présent film), le long métrage de Phil Alden Robinson souffre aussi d'un effet inattendu et dramatique. Les scènes où le personnage de Robin Williams évoque et songe à sa fin prochaine génèrent un malaise, tant on se demande si c'est l'homme ou le personnage qui contemple le gouffre à ses pieds. Nul ne saura jamais ce qui se passait alors dans la tête de Robin Williams, clown génial au cœur brisé.

La réalisation de "Deuxième chance à Brooklyn" ne rend pas suffisamment hommage à son acteur principal. Phil Alden Robinson, essentiellement connu pour "Les experts" (amusant thriller technologique avec Robert Redford et Ben Kingsley) ou "Jusqu'au bout du rêve", dans lequel Kevin Costner trouvait l'illumination par le base-ball, se contente du minimum syndical et, a posteriori, on ne peut que se rendre compte que c'est insuffisant.

C'est évidemment la prestation de l'immense acteur tenant le rôle principal qui est le plus grand atout de ce film, dont le visionnage ne s'impose pas. Il tiendra lieu de pèlerinage à ceux qui sont nostalgiques de Robin Williams et à qui il manque cruellement. Les autres préféreront sans doute se souvenir de ses grands rôles.

Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2017, dans la catégorie "Un remake ou un film qui a fait l'objet d'un remake".




mercredi 12 juillet 2017

Les enfants de la chance (2016)


Il est des films dont on n'a pas envie de dire du mal mais qui, pourtant, n'arrivent pas à emporter l'enthousiasme. On peut se demander si ce n'est pas une mauvaise conjecture qui les condamne, lors de leur sortie. Le dernier film de Malik Chibane (remarqué avec "Hexagone" et "Douce France"), "Les enfants de la chance" n'eut pas l'heur de séduire le public, bien qu'évoquant un sujet grave, celui des persécutions faites envers le peuple juif, et plus exactement ses enfants, durant l'occupation allemande, en France. 

Durant la Deuxième Guerre Mondiale, pendant l'Occupation, suite à un accident, Maurice Gutman, enfant juif, se retrouve hospitalisé dans la clinique que dirige le Docteur Daviel. Pendant qu'il séjourne là, au prétexte d'une tuberculose qui se prolonge des années durant, sa famille est victime du génocide nazi. Peu à peu, Maurice comprend qu'il est caché par le courageux docteur et son équipe, tandis qu'à l'extérieur, la haine recouvre le monde...

Plein de belles intentions, narrant une histoire forte parce que vraie et touchant à l'un des plus grands drames qui ait été, "Les enfants de la chance" n'est malheureusement pas un bon film. Basé sur une histoire vraie (ce qui ajoute à l'amertume de l'échec), ce qui aurait pu être un témoignage poignant à hauteur d'enfant sur une des plus noires pages de l'histoire humaine n'est qu'un film sans grand intérêt. 

Souvent maladroit, "Les enfants de la chance" (qui avait pourtant un joli titre, convenons-en) souffre essentiellement d'une réalisation sans ambition et, surtout, de sa perpétuelle hésitation quant au ton à adopter. N'osant pas s'engager dans le drame réaliste, il s'égare souvent sur le registre du film populaire bon enfant, quand ce n'est pas celui de la comédie musicale : certains passages sont, en effet, l'occasion de chansons, particulièrement mal à propos au vu du sujet. 

Le jeu des jeunes interprètes laisse souvent à désirer, mais on a vu pire dans pas mal de films mettant en vedette des enfants. "Les enfants de la chance" comporte hélas bien nombre d'autres défauts majeurs. Au nombre de ceux-là, on citera la présence d'une musique plutôt guillerette (à l'accordéon), y compris lors de scènes où c'est parfaitement mal à propos, la maladresse avec laquelle sont filmées certaines séquences qui, techniquement, ne fonctionnent tout simplement pas ou de vraies fautes de goût.

On sauvera du désastre quelques meubles, dont l'interprétation de Philippe Torreton (évidemment) et l'évocation de faits qui, sans ce film, auraient sombré dans l'oubli (quoique je ne suis pas sûr que le peu de visibilité des "Enfants de la chance" y remédie). 

Le thème des "Enfants de la chance" était grave, voire majeur et c'est un véritable crève-coeur de ne pouvoir saluer là une réussite de cinéma. L'intention était bonne, sa mise en oeuvre est décevante.


vendredi 7 juillet 2017

Seuls (2017)


La bande dessinée, souvent qualifiée de neuvième art (et je souscris volontiers à cette appellation), a donné lieu à maintes adaptations cinématographiques, pas toujours très heureuses. De "Boule et Bill" au tout prochain "Valérian et la cité des mille planètes", ils sont de plus en plus nombreux, les réalisateurs qui tentent de transposer à l'écran les cases et les bulles des albums ayant rencontré le succès en librairie. La série "Seuls" (dix tomes à ce jour et trois cycles), l'une des locomotives de la bande dessinée française, y a eu droit et le moins que l'on puisse dire, c'est que le public n'a pas suivi.

Ils sont cinq enfants, Leïla, Dodji, Camille, Terry et Yvan, qui s'éveillent un jour pour découvrir que tous les autres humains ont disparu. Ensemble, ils vont tenter de comprendre quelle catastrophe a pu se produire. Dans un monde devenu hostile, ces enfants ne sont pas au bout de leurs surprises.
Mais sont-ils réellement seuls ?

En adaptant "Seuls", David Moreau prend le parti d'englober en un seul film tout le premier cycle, à savoir cinq albums : c'est ambitieux, car ces albums sont d'une densité rare, mais on imagine aisément que tronçonner cette adaptation en plusieurs films aurait eu de quoi faire pâlir n'importe quel producteur. Le pendant de ce choix est qu'il a fallu passer à la trappe pas mal d'intrigues secondaires qui enrichissaient le propos et donnaient de la consistance aux personnages, auxquels on s'attachait bien volontiers. Faute de cette profondeur, la distance qui s'installe entre le spectateur et les personnages dès le début ne se réduit que peu. Faute de s'attacher, on s'émeut à peine de ce qui arrive aux jeunes héros de "Seuls". 

L'autre parti-pris du film a été d'effacer d'emblée toute légèreté, en choisissant un ton assez sombre et surtout en faisant vieillir les protagonistes. David Moreau, repéré pour "The eye" (un four lors de son passage à Hollywood) et "Vingt ans d'écart", a été mal inspiré, au vu du résultat, d'injecter autant de noirceur dans son film. La légèreté qui pointait ça et là dans la bande dessinée est envolée : les enfants sont devenus grands et le ton est devenu grave. La preuve en est des teintes du film, souvent sombres et de la posture de ces jeunes héros, rarement souriants, alors que certaines planches de l'oeuvre originale offraient une légèreté bienvenue. L'alchimie qui faisait fonctionner les bandes dessinées (du moins, les cinq premiers tomes, qui se suffisent à eux-mêmes, si vous voulez mon avis) ne fonctionne pas au grand écran et les effets dont use et abuse le réalisateur ne suffisent pas à faire illusion : cette adaptation est ratée, tout simplement.
La fin du film laisse entrevoir l'intention d'y donner une suite, mais le peu de succès rencontré par "Seuls" permet de douter de la viabilité du projet. Cela n'est peut-être pas plus mal.

Il va peut-être falloir repenser ces adaptations du neuvième art vers le septième. De la même façon que nombre de personnes considèrent la bande dessinée comme une lecture facile, voire puérile (ne riez pas, j'entends encore beaucoup de choses de ce genre), ce n'est pas parce que c'est dessiné que c'est adaptable sans peine au grand écran. Le travail des scénaristes est souvent immense et n'a rien à envier à celui de ceux qui construisent un film.

Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2017, dans la catégorie "Un film tiré d'une série ou qui en a inspiré une".



dimanche 2 juillet 2017

A fond (2016)


La comédie française, souvent qualifiée (notamment dans ces colonnes, j'avoue) de genre sinistré, continue néanmoins de séduire le public. Parmi les films qui remplissent les salles, il y a ceux qui font dans la surenchère : le (ou les) personnage(s) principal(aux) y accumule(nt) les déconvenues, tel un Pierre Richard (de la grande époque) pour lequel on aurait poussé le curseur des emmerdements au-delà de la zone rouge. Nicolas Benamou, connu pour ses "Babysitting", est l'un des porte-étendards de ce cinéma. Cependant, avec "A fond", sorti en début d'année, il a subi un premier échec public.

Les vacances sont arrivées et toute la famille embarque dans le monospace flambant neuf que Tom, chirurgien esthétique, vient de s'offrir, embarquant au passage (malgré l'opposition de Julia, son épouse), son père, Ben, séducteur sur le retour. L'ambiance est électrique, dans la voiture et ce n'est rien à côté de ce qui les attend. Quand Tom décide d'enclencher le régulateur de vitesse pour être tranquille, il ne sait pas qu'il n'est qu'au début d'une incroyable cascade de péripéties. Bloqué à pleine vitesse, le véhicule va emmener tout ce petit monde dans un voyage à sensations fortes. 

Avec un postulat tel que le sien, "A fond" est condamné à la surenchère. C'est d'ailleurs un registre dont Nicolas Benamou s'est fait le spécialiste, avec "Babysitting" (et sa suite). Le personnage central doit subir un cortège d'avanies, tombant sans cesse de Charybde en Scylla, et si possible en dépassant les espérances du spectateur, qui attend d'être surpris.

J'avoue que j'ai pris plaisir à certaines scènes....mais aussi que, quelques jours après le visionnage, la majeure partie du film fut oubliée. C'est sans doute une caractéristique de ce genre de cinéma, fait pour être consommé rapidement, entre potes ou en familles, afin de passer un bon moment facile et de passer ensuite à autre chose. 
La recette fonctionne uniquement si l'on accepte de laisser à l'entrée de la salle une grosse partie de son cerveau et que l'on ait envie de rire (ou, à la limite, de sourire) aux malheurs qui s'abattent en série, sur les protagonistes de cette histoire improbable. 

La direction d'acteurs n'est clairement pas la priorité de Nicolas Benamou et c'est un José Garcia en roue libre qui mène le bal, cédant parfois à ses exubérances, tandis qu'à ses côtés, André Dussolier cabotine à outrance et pêche par excès. Caroline Vigneaux, dans le rôle de Julia, fait ce qu'elle peut et est sans doute la plus convaincante de cette équipe victime de la Loi de Murphy. On déplorera les séquences inutiles mettant en scène Florence Foresti, plus là pour se faire valoir que pour apporter un réel intérêt au film.

Je m'attendais à détester ce film et je dois reconnaître qu'il m'a amusé à plusieurs reprises. Sans être mémorable (je pense en avoir déjà oublié la majeure partie) et efficace surtout si l'on n'est pas trop exigeant, ce peut être une comédie familiale permettant de passer un moment sympathique. Mais ce n'est en rien un film qui restera. 

Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2017, dans la catégorie "Un film sorti cette année".