vendredi 11 août 2017

Baby Phone (2017)


Les courts-métrages, ces petits films de quelques minutes (parfois projetés avant leurs grands frères dans les salles obscures) sont souvent pour des réalisateurs l'occasion de montrer leur talent, avant de se lancer dans la cour des grands et de passer au long métrage. Rares sont cependant les courts-métrages devenant des films à part entière : ce qui peut alimenter un format court ne suffit généralement pas à remplir celui d'un film destiné aux salles obscures. Olivier Casas, pour son premier film, a cependant choisi de réutiliser la trame (et le titre) de son court-métrage, "Baby Phone". Le public ne s'y est pas laissé prendre, à tort ou à raison.

Ben et Charlotte, de jeunes parents, sont sur les nerfs. Lui ne songe qu'à la musique et veut  à tout prix réaliser son rêve, tandis qu'elle s'épuise à être mère. Persuadé que son ami Simon, producteur d'une chanteuse en vogue, peut lui donner le coup de pouce nécessaire, Ben organise un repas entre amis, invitant au passage ses parents. La soirée va prendre un tour inattendu quand le baby-phone des jeunes parents va trahir une conversation qui aurait du rester secrète.

C'est une recette connue, en comédie, celle qui consiste à balancer dans une situation bien ordonnée un événement ou un élément qui fait tout voler en éclats, révélant au grand jour les failles qu'on s'efforçait de cacher ou de ne pas voir. Ici, l'élément déclencheur est un baby-phone (vous savez, ces appareils permettant aux parents inquiets et consciencieux de guetter le moindre souffle de leur progéniture) qui va révéler au grand jour ce que leurs amis pensent vraiment d'eux.

L'inconvénient, dans le cas de "Baby Phone", c'est qu'on sait, avant même que l'étincelle ne se produise (c'est-à-dire que les deux "amis" ne débitent leurs vacheries dans l'appareil en question) que le feu menace déjà les poudres et qu'on se demande même comment il est possible qu'un tel couple et qu'un tel cercle d'amis, n'ont pas explosé en plein vol. Le plus embêtant est qu'il s'agit, puisqu'on est dans la catégorie des longs métrages, qu'il va falloir délayer la sauce afin de tenir la distance, et donc passer par des scènes pénibles, voire inutiles, pour parvenir à un dénouement sans grand intérêt ni grande surprise. 

A l'instar des "Petits mouchoirs", qui se targuait déjà d'évoquer, voire de célébrer l'amitié, "Baby Phone" met en scène des personnages dont on ne voudrait comme amis pour rien au monde. Plus qu'un exposé des vertus de l'amitié, c'est un festival des egos auquel on assiste, souvent navré. Visiblement basée sur l'intérêt de chacun plutôt que sur le bien-être des autres, les relations qui règnent entre les protagonistes font peu envie. 

C'est d'autant plus dommage que certains des acteurs présents dans ce qui se voulait une comédie acide (enfin, j'imagine) méritent mieux que ce mauvais traitement qu'on leur fait subir. Pascal Demolon, par exemple, est caricatural et on en oublierait presque l'immense talent de cet acteur encore trop sous-employé, tout comme Anne Marivin, contrainte de jouer l'énervement permanent, ou Barbara Schulz, qui ferait bien de comprendre qu'un joli minois et une moue boudeuse ne font pas une actrice. Et que dire du jeu peu convaincant de Medi Sadoun et Lannick Gautry ? Rien, ce sera plus charitable.

Une soirée entre potes qui vire au réglement de comptes, cela peut donner un excellent film. Je citerais, à titre d'exemple, le très chouette "Cuisine et dépendances". Cela peut aussi donner un film sans grand intérêt, comme "Baby Phone".



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